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Homélie du 13 novembre 2016, en la Cathédrale, avant la Clôture de la Porte Sainte

Homélie du XXXIIIème dimanche dans l’année,
13 novembre 2016,
en la Cathédrale,
avant la Clôture de la Porte Sainte

Les deux derniers dimanches de l’année liturgique nous font entrevoir la fin des temps. Les textes bibliques sont choisis pour nous faire veiller dans l’attente de la fin des temps et pour nous faire prier afin que nous ne perdions pas courage, afin que nous ne tombions pas dans la tentation, la grande tentation eschatologique qui nous fait douter de Dieu et du salut manifesté par le Christ. En effet, le Satan est toujours là pour nous détourner des promesses de Dieu, le Satan est toujours là pour faire dire à Dieu ce qu’il n’a jamais dit.

Pour parler de la fin des temps, les textes bibliques nous dévoilent l’avenir. Dévoiler, en grec, c’est un verbe d’où est sorti le mot apocalypse, en français. Dans une apocalypse, il y a toujours des catastrophes pour montrer que tout le monde sera concerné, ceux qui sont pour Dieu et ceux qui sont contre lui. Dans une apocalypse, il y a toujours un jugement de la part de Dieu. Dieu juge, Dieu discerne ce qui dans la vie des nations, dans la vie des personnes a été un choix pour Dieu ou contre lui.

Dans une apocalypse, nous avons un langage énigmatique pour nous faire entrevoir le moment où Dieu va intervenir : dans la Bible, on parle du Jour du Seigneur.

La première lecture de ce dimanche est tirée d’un prophète anonyme, qui a rédigé un texte très bref – trois chapitres – entre 515 et 445 avant Jésus-Christ. Après le retour de l’exil à Babylone, les Juifs ont reconstruit le Temple de Jérusalem. La liturgie au Temple est rétablie officiellement en 515. Malheureusement, aussi bien les prêtres que les autres Juifs ne vivent pas selon la Loi donnée à Moïse. Non seulement on offre à Dieu des bêtes malades en sacrifice, mais on fait du tort à son prochain, on ne respecte pas l’ordre moral. De plus, les Juifs se marient avec des étrangers et ne respectent pas le mariage, en divorçant pour épouser quelqu’un d’autre. La question des mariages mixtes, entre des Juifs et des non-Juifs sera réglée en 445. Néhémie interdira ces mariages. Le prophète anonyme a reçu le nom de Malachie, qui signifie « mon messager ». Ce n’est pas un nom propre comme Isaïe ou Ezékiel.

La première lecture dit : Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera (…). Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement. Ce texte explique un passage qui le précède immédiatement : Vous verrez la différence entre un juste et un méchant, entre qui sert Dieu et qui ne le sert pas. Dieu va discerner, juger, entre ceux qui sont fidèles à sa Loi et ceux qui n’en tiennent aucun compte.

Soleil de justice est une expression qui sera appliquée à Jésus comme Messie. Nous retrouvons Soleil de justice dans les textes des fêtes liturgiques de Noël et de l’Epiphanie.

Le Psaume 97 prolonge le passage de Malachie : Acclamez le Seigneur, car il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture.

Malachie rédigeait son livre quand le Temple de Jérusalem avait été reconstruit et le culte officiel rétabli en 515. Lorsque Jésus exerce son ministère, au premier siècle de notre ère, le Temple de Jérusalem est de nouveau en reconstruction. Celle-ci a été commencée en 19 avant Jésus-Christ. L’évangile de Jean dit que, lorsque Jésus a chassé les vendeurs du Temple, la restauration durait déjà depuis 46 ans.

L’évangile de Luc raconte un épisode qui met en scène les disciples de Jésus devant le Temple de Jérusalem : En ce temps-là, comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. Ils lui demandèrent : Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? Jésus dit d’abord qu’il ne faut pas croire tous ceux qui viendront en son nom pour dire le moment et le lieu des catastrophes. Ensuite, Jésus dit qu’il y aura des guerres entre les nations, des tremblements de terre, des famines, des épidémies. Avant ces catastrophes, on portera la main sur les disciples, on les persécutera. Ils seront traduits devant les rois et les gouverneurs. Inutile de chercher à vous défendre : C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Ces persécutions seront soutenues par l’opinion publique : Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie.

De la contemplation de la beauté du Temple, on arrive à la persévérance des disciples du Christ au cours des persécutions. Cette persévérance aboutit pour certains à la mort violente, et pour d’autres à un témoignage devant des adversaires qui ne pourront ni résister ni s’opposer.

Dans sa deuxième lettre aux chrétiens de Thessalonique, l’apôtre Paul écrit, après l’été 50, à des personnes et des communautés qui se laissent prendre par toutes sortes de messages qui annoncent que le Jour du Seigneur est déjà là. Il leur dit : Auparavant doit venir l’apostasie et se révéler l’Homme impie, l’Etre perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. Paul continue : Tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous, de vive voix ou par lettre (…). Nous vous prescrivons, au nom du Seigneur Jésus Christ, de vous tenir à distance de tout frère qui mène une vie désordonnée et ne se conforme pas à la tradition que vous avez reçue de nous.

Et vient le texte de la deuxième lecture de ce jour : Vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter. Nous n’avons pas vécu parmi vous de façon désordonnée. Paul rappelle que, pour manger, il travaillait pour n’être à charge de personne. De même, Paul demande à ceux qui mènent une vie désordonnée de travailler afin de manger le pain qu’ils auront gagné. Paul rappelle que les spéculations sur le moment du Jour du Seigneur ne mènent à rien. Et si quelqu’un se laisse prendre par ces spéculations pour ne plus rien faire, puisque le Jour est proche, qu’il n’oublie pas que, pour manger, il faut travailler, afin de ne pas à être à charge des autres qui, eux, travaillent.

Tout en étant tendus vers le Jour du Seigneur, nous veillons et nous prions. Nous savons que nous passerons par des temps de persécutions. Nous savons que nous avons à travailler pour vivre. Le témoignage du Christ passe par ces différents aspects de notre vie.

En clôturant la Porte Sainte, à la fin de l’année du Jubilé de la Miséricorde, nous marquons une étape dans le temps. Nous accueillons le salut de Dieu ; nous en témoignons dans la vie au jour le jour ; et nous sommes en communion avec tous nos frères qui passent par la persécution. Sur le chemin de la vie, nous sommes tendus vers le Jour du Seigneur qui vient. Au moment de la fatigue et du découragement, souvenons-nous de la parole de Jésus : C’est par votre persévérance que vous garderez la vie.

+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai

  

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    Diocèse de Tournai

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