Tournai : le chapitre cathédral accueille huit nouveaux chanoines
Une petite cérémonie d'installation s'est tenue ce 11 septembre 2020 à Notre-Dame, à l'issue de la veillée de prière traditionnellement organisée le vendredi qui précède la Grande Procession. En cette année de pandémie, c'est la statue Notre-Dame des malades, statue de la cathédrale, qui était mise en valeur.
Depuis 1090, la procession sillonne immuablement les rues de la cité. L'évêque de Noyon, Radbod, l'institua dans l'espoir de faire cesser le fléau qui frappait les habitants. L'empoisonnement produit par l'ergot de seigle prit fin et en guise de remerciement, la procession se perpétua, sauf en 1566 (la ville étant aux mains des iconoclastes)... et en 2020, année de pandémie au coronavirus !
Mais la veillée de prière du vendredi, elle, a pu être maintenue, dans le respect des mesures sanitaires décrétées par les autorités. Toutes les places autorisées étaient occupées. Aux abords de l'autel, la châsse de Notre-Dame, joyau de la Cathédrale réalisé au 13e siècle par l'un des plus grands artistes de son temps, Nicolas de Verdun. Cette châsse sert d'écrin aux reliques de la cathédrale dédiée à Notre-Dame. La statue Notre-Dame des malades avait également été installée devant l'assemblée.
Un besoin d'amitié et de solidarité
« Nous vivons cette crise avec difficulté », a reconnu l'abbé Michel Hubaut, président du chapitre. « Nous pensons à la pandémie, nous pensons au réchauffement climatique. Nous pensons aussi aux conséquences économiques, sociales et politiques qui risquent de s'accumuler. Chacun et chacune tente de se frayer un chemin, nous cherchons des lieux de rencontre et d'échange qui permettent de susciter l'amitié et la solidarité. Ce soir, plus particulièrement, c'est un moment de rencontre, de prière et de méditation, propice à l'écoute d'une Parole qui nous transforme et nous appelle à la conversion des cœurs. »
Après avoir longuement décrit l'homme abandonné évoqué par Isaïe et auquel nous pouvons nous identifier, « celui qu'on ne voit pas, qui n'a pas d'argent, à qui on ne répond pas parce qu'on n'a pas le temps, celui qui se tait ou n'a pas les moyens de parler », le président Hubaut a rappelé que nous sommes appelés au vrai bonheur promis dans les Béatitudes. En nous incitant à ne pas en être seulement bénéficiaires mais aussi dispensateurs...
Les malades et leur famille, plus spécialement ceux touchés par l'actuelle pandémie, mais aussi le personnel soignant ont trouvé une large place dans les intentions qui ont suivi.
Accolade spirituelle
C'est alors un autre moment impressionnant et qui remplit la cathédrale d'une émotion palpable. Pas moins de huit chanoines titulaires, nommés par Mgr Guy Harpigny, ont officiellement rejoint le chapitre. Après avoir entonné en chœur le « Veni creator », Etienne Deregnaucourt, Olivier Fröhlich, Xavier Huvenne, André Parent, Philippe Pêtre, Yves Verfaillie, Michel Vermeulen et Patrick Willocq ont répété ensemble les formules de serment lues par le président Michel Hubaut devant une assemblée très attentive.
En temps normal, les nouveaux venus auraient ensuite dû être accueillis par leurs pairs avec une grande accolade fraternelle. Mais rien n'est plus « normal », en temps de pandémie. C'est donc dans le respect des distances et de manière plus spirituelle que cet accueil s'est déroulé. Mais les applaudissements, eux, ont retenti de manière bien réelle dans la Cathédrale multiséculaire !
Agnès Michel
La création du chapitre cathédral remonte au 20 novembre 817. Ses missions ont été la liturgie des heures, l'enseignement, l'accueil des malades et des pauvres. Si le chapitre a conservé ses missions liturgiques, il n'a plus de rôle particulier en cas de vacance du siège épiscopal.
« Jusqu'au 15e siècle, les chanoines figuraient parmi les personnes les plus riches et influentes de la ville », explique Michel Vinckier, chanoine et recteur de la Cathédrale. « Aujourd'hui, il s'agit d'une poignée de prêtres incardinés dans le diocèse de Tournai qui sont au service de la Cathédrale, tant sur le plan cultuel que culturel. Avec l'évêque, ils assurent les célébrations liturgiques et exécutent les missions spécifiques que l'évêque attribue à chacun. »
Plusieurs chanoines étant sur le point d'atteindre l'âge de 75 ans, le nombre minimal de membres du chapitre allait bientôt s'avérer insuffisant. Il était donc temps pour Mgr Harpigny, après plusieurs tours de consultation auprès des chanoines en place, de renforcer la vénérable institution. Le chapitre ainsi enrichi procèdera prochainement à l'élection d'un nouveau président.
Et avec un double anniversaire en perspective pour Notre-Dame de Tournai – les 20 ans de l'inscription au patrimoine Unesco en novembre 2020 et les 850 ans de sa dédicace en mai 2021 –, nul doute que les nouvelles recrues seront vite mises à contribution.
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Créé parDiocese de Tournai