


Un nouveau départ pour les religieuses de Saint-André
Après huit siècles de présence à Tournai – dont 75 années à Ramegnies-Chin - , les religieuses de Saint-André se préparent à changer d'horizon. Retour sur la question avec Sr Agnès Granier, supérieure générale.
Sœur Agnès, depuis quand la congrégation existe-t-elle ?
La communauté existe depuis bientôt huit siècles, puisque la tradition orale fait remonter sa création vers 1230-1231, lorsque deux sœurs de sang ont ouvert une petite maison en face de l'église Saint-Nicolas pour accueillir le soir les pauvres et les pèlerins qui arrivaient alors que les portes de la ville étaient fermées.
Et pourtant, après toutes ces années, vous avez pris la décision de partir...
Cette décision s'est imposée à nous. Nous vivons depuis la fin de la seconde guerre mondiale dans un bâtiment situé à Ramegnies-Chin, à quelques kilomètres de Tournai. Lorsque la communauté s'y est installée, elle était composée de septante sœurs. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que vingt-cinq et la plupart d'entre nous ont plus de quatre-vingt ans. Toute une aile du bâtiment a été transformée en maison de soin pour pouvoir les accueillir. Humainement et financièrement, il ne nous est plus possible de supporter un bâtiment de ce type-là. Nous réfléchissions à ce problème depuis plusieurs années. Lors de notre dernière congrégation générale en 2017, l'ensemble des sœurs réunies a accepté que le départ de ces lieux doive être envisagé pour l'avenir de la communauté. C'était la décision la plus sage.
Dans le même temps, il y avait comme un souffle qui nous habitait de vouloir aujourd'hui servir le Seigneur, l'Eglise et le monde dans des formes plus adaptées à ce que nous sommes vraiment. Comme l'écrivait le pape François dans sa lettre apostolique publiée lors de l'année de la vie consacrée : « J'attends donc que vous sachiez créer d'autres lieux où se vive la logique évangélique du don, de la fraternité, de l'accueil de la diversité, de l'amour réciproque ». Dans l'article 8 de notre constitution, il est écrit « La société n'est liée à aucun lieu particulier, elle est toute disponibilité au service de l'Eglise ». Donc, même s'il y a un attachement affectif à ces lieux et à ce terreau tournaisien, nous avons décidé de partir.
Partir, d'accord.... mais pour quelle destination ? Resterez-vous en Belgique ?
Nous ne quitterons pas la Belgique, ne serait-ce que parce que cela fait huit siècles que nous sommes ici et qu'il sera bon de fêter cet anniversaire sur la terre de Belgique. Nous reviendrons probablement à Tournai à cette occasion. De plus, la plupart de nos aînées sont Belges et il nous semblait important qu'elles puissent vivre ces années de leur vie en terre belge. Nous nous sommes donc orientées vers Bruxelles pour pouvoir trouver à la fois un lieu pour nos sœurs aînées - qui seront prises en charge d'une manière plus adaptée et moins coûteuse que ce que nous faisons actuellement – et pour notre communauté qui, au fil des années, est devenue multiculturelle. Une ville comme Bruxelles aujourd'hui, qui est quand même un carrefour de nationalités, est plus adaptée à cette mosaïque de nationalités que nous sommes. Nous cherchons un lieu pour une communauté qui aura différentes missions et qui offrira également un accueil pour se poser, se reposer, prier, faire retraite. Nous sommes assez enthousiastes pour cette fondation mais il nous reste à en trouver le chemin.
Tournai perdra quand même une bonne partie de son histoire avec votre départ. Que restera-t-il de votre passage ?
Nous devrons à l'avenir être très créatifs dans le lien. Cela correspond bien à notre société d'aujourd'hui. Nous sommes des pèlerins, mais nous saurons conserver la mémoire. Il y a quelque chose qui nous lie et nous liera toujours : notre musée. Il faut dire que pendant la seconde guerre mondiale, toutes nos archives ont brulé et nous avons tout perdu de notre histoire. Dans les années 62-63, lors de la construction de l'Athénée en face de l'église Saint-Nicolas, nous avons eu l'occasion de faire des fouilles archéologiques et ainsi retrouver un peu de notre passé. Nous avons reconstitué dans un musée presque sept siècles d'histoire. Ce patrimoine, c'est le nôtre mais c'est aussi celui de la ville de Tournai. Nous n'allons pas déménager avec notre musée, cela n'aurait pas de sens. Nous souhaitons en rester propriétaires, puisqu'il s'agit de notre histoire, mais nous aimerions, par convention, le situer dans un lieu à Tournai où il puisse être mis en valeur. Le travail est encore à faire, donc je lance un appel à tous ceux qui seraient intéressés de nous aider à réaliser ce projet !
Sur un mur de l'actuel musée est affichée la liste chronologique des fondations de la communauté
Et puis, il y également l'école que votre communauté a fondé à Ramegnies-Chin.
Oui, avec l'Institut St-André, nous sommes actuellement en discussion par rapport à la répartition des bâtiments. Nous allons leur léguer une part du bâtiment mais il faudra refaire un découpage pour permettre la vente de l'autre partie du bâtiment. Sans cela, nous ne pourrons pas nous projeter dans l'avenir. Concernant l'école primaire, dont nous sommes aussi propriétaires, les bâtiments leur seront également légués.
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Eh bien, nous ne pouvons que vous souhaiter bonne continuation et bonne route !
Nous resterons encore deux ou trois ans sur les lieux, donc nous prendrons soin de célébrer notre départ, non dans la tristesse mais avec une certaine reconnaissance. Et nous inviterons largement pour ces célébrations !
Pour en savoir plus sur la congrégation et son histoire : https://www.saint-andre.be/fr/
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Créé parDiocèse de Tournai