Pascal Cambier : « Appelé à être dans le monde »
Le 24 juin 2018 à 15h, notre diocèse va vivre un événement exceptionnel avec l'ordination de trois nouveaux prêtres, en la Cathédrale de Tournai. À quelques semaines de ce grand moment, ils ont accepté de se prêter au jeu de l'interview. Aujourd'hui, rencontre avec Pascal Cambier.
Pascal Cambier est originaire de la région de Mons. Âgé de 47 ans, il est ingénieur de formation et a travaillé chez NGK Ceramics à Baudour (pots catalytiques pour véhicules automobiles). L'insertion pastorale de Pascal est passée par Antoing et Soignies-Le Roeulx pour se terminer dans le doyenné de Marcinelle, avec l'abbé Patrick Mariage.
Comment est née votre vocation ?
Cela a commencé par une amitié avec une collègue de travail qui m'a parlé de sa foi chrétienne. J'étais athée de fait, j'avais juste été baptisé enfant et la religion n'avait pas de place dans ma vie. Mais cet échange m'a interpellé et j'ai commencé à m'intéresser à la foi, notamment via le livre « Le bonheur en Dieu » de dom Marie-Gérard Dubois, père abbé de l'abbaye de « La Trappe », en Normandie. J'ai alors contacté l'auteur, je lui ai expliqué que j'étais en recherche et que je souhaitais aller à la rencontre de moines. Il m'a répondu positivement et c'est ainsi qu'en 2005, je suis allé vivre la Semaine sainte au Mont-des-Cats. Chaque jour, j'ai pu parler avec un moine. Et le Jeudi saint, pour la première fois, j'ai vécu la confession et la communion. Ensuite je me suis trouvé une paroisse, là où j'habitais, à Saint-Ghislain. En 2006, j'ai été confirmé.
Pour moi, la conversion et la vocation sont très liées. J'ai d'abord pensé être moine, devenir prêtre était une alternative qui venait en second lieu. J'ai fait différents essais dans des abbayes, je passais la plupart de mes congés en retraites. Puis j'ai fait deux séjours d'un mois, à Rome et au Mont-des-Cats. Par la suite, pendant près de trois ans, je suis régulièrement allé à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, près d'Orléans. Jusqu'à ce qu'en 2010 je donne ma démission chez NGK Ceramics, où j'étais chef de service, pour intégrer cette abbaye comme postulant pendant un an puis comme novice pendant 10 mois.
Cette première année a été une année de conversion de fond, très riche. La pose des fondations. Mais à force de rencontrer des prêtres là-bas, j'ai compris que j'étais appelé à être dans le monde et pas en retrait du monde. Alors je suis revenu à Tournai où j'ai demandé à entrer au séminaire, en 2012. J'ai suivi six années d'études au séminaire de Namur, parallèlement à des stages en paroisse : deux ans à Antoing, deux ans à Soignies-Le Roeulx et enfin deux ans à Marcinelle-Mont-sur-Marchienne.
Comment votre famille et vos amis ont-ils réagi devant ce virage dans votre vie ?
J'avais 35 ans, j'étais autonome, mes parents étaient habitués à ce que je prenne mes décisions de mon côté. Mais cela a été surprenant et un peu incompréhensible pour eux. Le monastère, ils voyaient cela comme une série de règles qui limitent la liberté, rien d'autre. Ma sœur aînée et mon frère cadet ont aussi trouvé cela un peu bizarre, « pas moderne ». Il y a une certaine forme d'incommunicabilité de ce que l'on vit intérieurement...
En-dehors du cercle familial, cela s'est très bien passé. Les gens étaient surpris mais curieux. Quand j'ai démissionné, j'ai dû prester un préavis, mes collègues savaient pourquoi je partais, et ils me posaient des questions, voulaient savoir ce que j'allais faire.
Quel genre de prêtre espérez-vous devenir dans le monde d'aujourd'hui, dans une société où la religion n'a plus une place prépondérante ?
Fondamentalement, j'interprète de façon biblique ce que notre société vit maintenant, en Europe occidentale. À de nombreuses reprises, dans l'Ancien Testament, on relate la diminution du peuple de Dieu, qui s'apparente à une purification, un besoin de conversion. Je perçois ma mission comme une mission de conversion personnelle.
C'est un travail d'humilité, il faut renoncer à soi-même, porter sa croix et avancer à la suite du Christ. Avant l'Eglise était très visible, directrice. Aujourd'hui elle doit devenir selon moi beaucoup plus « christocentrée ».
Il n'y a pas de reniement dans ma vie. J'ai été athée, je suis maintenant chrétien, je ne renie rien. L'Esprit Saint éclaire tout le monde, il parle à travers tout le monde et il faut savoir l'entendre. Je pense que l'Eglise doit se redéfinir, se reconstruire, et être à l'écoute, avec discernement, constitue une des clés de cette reconstruction.
Propos recueillis par Agnès Michel
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