Invités à une quarantaine pleine de sens
Depuis des mois, nous sommes obligés de vivre tous les grands moments de notre vie différemment. Pour ce mercredi des Cendres 2021, nos communautés n'ont pas pu se rassembler largement pour entrer en Carême. Mais elles sont appelées tout aussi fort à la conversion.
Le mot quarantaine a pris depuis près d'un an un sens bien négatif, c'est un mot qui fait presque peur, qui nous parle de maladie et de solitude. Pourtant, c'est avec ce mot que Mgr Harpigny a ouvert la célébration des Cendres, ce mercredi matin à la Cathédrale Notre-Dame de Tournai : « Nous sommes invités par le Christ à une quarantaine, pour nous rendre proches de lui par la prière, le jeûne et l'aumône ».
Dans les lectures, le prophète Joël nous demande de déchirer nos cœurs, pas nos vêtements. De la même façon, saint Matthieu nous invite à faire les choses avec discrétion et humilité : « Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra ». Même si les grands rassemblements sont pour le moment impossibles, que ce soit dans les lieux de culte ou dans tous les autres lieux de notre vie, « Dieu nous voit dans le secret et c'est ça qui compte », souligne notre évêque.
Une pincée de cendres...
C'est la main gantée et le visage masqué que l'évêque de Tournai a non pas imposé un peu de cendres sur le front des membres de l'assemblée mais en a laissé tomber une pincée sur leur tête, pour éviter tout contact. Même dans ce climat inhabituel, il n'a pas manqué de mettre un peu de légèreté dans le cœur des participants : « Si vous ne parvenez pas à enlever les cendres, les coiffeurs sont rouverts, prenez rendez-vous et ils vous sauveront ! ».
Mais avant ce geste qui marque chaque année le début du Carême, Mgr Harpigny a rappelé dans son homélie tout le sens de ces 40 jours qui mènent vers Pâques. « Pendant le temps de Carême, il ne faut pas seulement faire quelque chose mais laisser faire quelque chose en nous, nous laisser transformer. (...) Le Christ nous emmène à sa suite, nous invite à croire à ce qu'il va faire. »
Dans une lettre du mois de novembre, le pape François évoquait les trois vertus théologales que sont la foi, l'espérance et la charité. « Cela peut sembler provocateur de parler d'espérance en cette période difficile », reconnaît l'évêque. « Qu'est-ce qu'on espère ? Etre délivrés du virus ! Mais il existe autre chose, il ne s'agit pas seulement d'espérer ce que l'on souhaite maintenant, il existe un salut et il faut l'accueillir, le préparer. »
Un parcours alternatif
Les catéchumènes de tout le diocèse, qui vivent un chemin vers le baptême fort chahuté par la pandémie et entrent eux aussi dans un temps de préparation plus intense, n'ont pas été oubliés dans les intentions. Tout comme les plus vulnérables d'entre nous, qui ont plus que jamais besoin d'attention et de partage. « La charité, c'est accueillir l'amour du Christ et le manifester », avait dit un peu plus tôt Mgr Harpigny.
Bien sûr, cette année, même si toutes les unités pastorales tentent de multiplier le nombre de célébrations des cendres, tout le monde ne peut pas participer en communauté à cette entrée en Carême, mesures sanitaires obligent. Mais des initiatives ont été mises sur pied çà et là pour aider les croyants à vivre ce temps fort de l'année liturgique. Ainsi, à Tournai, des panneaux ont été installées dans la cathédrale : « C'est un peu comme un chemin de croix mais ici, il y a 10 stations », explique le chanoine Michel Vinckier. Dix arrêts à faire seul, en famille, avec des enfants. Dix arrêts pour réfléchir, approfondir, prier. Dix arrêts avant de se mettre en marche vers Pâques.
A.M.
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Créé parDiocese de Tournai
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