Belœil : une communauté locale solidaire
Avez-vous déjà entendu parler du « community sponsorship » ? En français, on pourrait traduire cela par « parrainage de la communauté », une initiative de Fedasil menée en collaboration avec Caritas International. C'est ce qui s'est mis en place il y a quelques mois dans l'UP de Belœil.
D'abord réfugiés pendant sept ans au Liban, Khadija et Mohammad ont finalement eu l'opportunité en octobre 2020 de rejoindre la Belgique pour reconstruire une vie loin de l'enfer des conflits armés, avec leurs quatre enfants. Sous l'impulsion de l'Equipe Pauvretés de l'unité pastorale de Belœil-Bernissart, un groupe de citoyennes et citoyens s'est formé depuis fin 2020 autour d'une famille syrienne pour l'accueillir et l'accompagner au quotidien.
L'idée d'un parrainage par la collectivité locale a été lancée par Fedasil, l'agence fédérale pour l'accueil des demandeurs d'asile. « Faire venir des gens en Belgique, cela veut dire que ces personnes sont dans des situations de crise et de guerre », explique Anne Dussart, directrice du service Asile et migration chez Caritas International, partenaire du projet. « C'est là qu'on travaille. Pour le parrainage, ce sont surtout des gens de Syrie ; on voit toujours des images atroces, la guerre est toujours présente. En tant que société belge, on accueille des gens qui sont en détresse, et on les aide dans le cadre de leur intégration. »
Un appel des évêques
La réinstallation de familles syriennes se déroule en divers endroits du pays, comme le détaille l'abbé Yves Verfaillie, responsable de l'UP de Belœil-Bernissart : « Notre diocèse, comme tous les diocèses de Belgique, a été sensibilisé par nos évêques à l'accueil éventuel de réfugiés, en pensant à beaucoup de nos bâtiments qui sont inoccupés. Dans l'unité pastorale, il y a des bâtiments libres, en particulier un ancien couvent, qui a accueilli pendant des années une communauté de sœurs d'Heverlee. »
Et c'est le dynamisme d'une équipe de bénévoles qui est venu allumer l'étincelle : « Nous avons la chance dans l'unité pastorale d'avoir une chouette équipe 'Pauvretés', fondée par l'abbé De Ketele, un ancien prêtre auxiliaire ici, et par Xavier Jadoul et Jean-Jacques Lebailly. C'est un groupe pluraliste, avec une majorité de chrétiens mais aussi une personne laïque et des musulmans. Cette équipe avait également été interpellée par cet appel de nos évêques, et on s'est mis d'accord pour s'engager dans un projet d'accueil d'une famille. »
Une présence au quotidien
On l'imagine bien, arriver sur le sol belge après des années de guerre en Syrie et de vie en camp au Liban, cela constitue un fameux choc culturel et émotionnel : « Quand ils ont débarqué, ils étaient très très fatigués, c'était un long voyage, et ils ne savaient vraiment pas où ils allaient tomber. Ils ne connaissaient rien de la Belgique », raconte Myriam Gabriel, membre du groupe d'accompagnement. « Puis il y a eu le transfert au couvent de Beloeil, ils ont vu une maison grande, chauffée, très propre, meublée, avec des fleurs – ce qui les a vraiment beaucoup touchés -, ils étaient bien contents, et surtout que dans le ciel il n'y ait pas de bombardiers, ils entendaient les oiseaux chanter, ce qui pour eux était sans doute une nouveauté. »
Il a ensuite fallu faire confiance à des inconnus, parlant une autre langue, d'une autre culture, d'une autre religion. Mais très vite, confiance et complicité se sont développées. Aujourd'hui, c'est tous les jours que la famille reçoit des visites bienveillantes : pour apprendre le français et faire des dictées, pour les devoirs des enfants, les innombrables démarches administratives ou les consultations médicales...
La famille devient de plus en plus autonome avec les transports publics, Khadija a même appris à rouler à vélo. L'aîné a rejoint un club de foot local, et mis à part la petite dernière, tous les enfants vont chez les scouts. « La petite, qui est en 3e maternelle, a des copines partout, elle parle le français avec l'accent de Beloeil, elle n'a peur de rien ! », s'amuse Myriam.
L'envie d'avancer et de construire
Il y aura bien sûr encore pas mal de chemin avant que cette famille sortie de la guerre et de l'errance ne se sente complètement chez elle. Et la tristesse les étreint parfois quand on évoque leur maison complètement détruite à Homs ou la famille restée sur place. Mais pour Khadija et Muhammad, la priorité est que leurs enfants aient un avenir et une vie meilleure. Et tous deux espèrent pouvoir travailler en Belgique : « Muhammad était ouvrier du bâtiment et il avait aussi monté avec un collègue un élevage de volailles, il voudrait retrouver ça ici. Quant à Khadija, elle a beaucoup de connaissances dans les soins de santé, elle aimerait poursuivre dans ce domaine. Elle souhaite obtenir son CEB puis entreprendre une diplomation. »
Malgré toutes ces difficultés, Khadija trouve du temps, de l'énergie et beaucoup d'envie pour apporter de l'aide autour d'elle : « On a été contactés pour donner un colis alimentaire à cette famille », se souvient Fernande Perignon, présidente de l'asbl « Les Ailes du Phoenix », qui essaie de lutter contre toute sorte d'exclusion, contre la pauvreté et de recréer les liens de solidarité. « Mais on s'est vite demandés si Khadija avait juste besoin d'un colis. On en a parlé avec elle, et effectivement elle avait besoin d'autre chose : elle n'a pas hésité à nous rejoindre et elle donne de son temps pour aider les autres. Je pense que cela donne aussi du sens à sa vie... »
Agnès MICHEL
- Pour écouter ces interviews dans leur intégralité, découvrez ci-dessous le podcast de notre émission radio « Près de chez vous en Hainaut » diffusée sur 1RCF :
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