Châtelet : les messes visibles sur Youtube pendant le confinement
Le coronavirus empêche l'activité habituelle des églises. Le clergé du doyenné de Châtelet rencontre les attentes des fidèles comme il le peut.
Plus de célébrations dominicales ni de messes de mariage, de baptême, de funérailles. À peine une bénédiction sur le parking du funérarium. Catéchisme annulé, premières communions et confirmations reportées à septembre ou octobre... Dans le doyenné de Châtelet, comme ailleurs en Belgique, l'activité de l'Église catholique a été mise en veilleuse.
Cela ne signifie pas que les prêtres, le doyen Serge-Julien Tchinda en tête, sont au chômage technique pour autant... « Le boulot est toujours là, mais je travaille différemment, confie-t-il. Je consacre plus de temps à des recherches personnelles, lire et écrire. J'essaie aussi de voir comment je peux joindre les gens chez eux puisque les réunions ne sont plus possibles. Je reçois beaucoup plus de coups de fil, de courriels. Il faut aussi préparer la Semaine sainte. »
La messe sur Youtube
Concrètement, les prêtres du doyenné continuent à apporter la communion aux personnes qui le demandent. « Ils étaient sept dimanche dernier. Dans le strict respect des règles d'hygiène, bien entendu. » Mais surtout, cette période inédite est l'occasion d'innover, avec la technologie en renfort. « Depuis deux dimanches, on met en ligne, sur le site de l'unité pastorale, une méditation de la Parole de Dieu, un peu comme une homélie. Elle est aussi envoyée par courriel aux paroissiens qui le souhaitent. »
Mais la principale innovation remonte à dimanche dernier : « J'ai filmé une messe que j'ai célébrée seul, dans la sacristie de l'église Saints-Pierre et Paul. Je l'ai diffusée sur Youtube pour un partage plus facile et j'en ai envoyé le lien à ceux qui le veulent. »
La famille est l'Église domestique
La catéchèse n'a pas non plus été abandonnée. « Les catéchistes recherchent sur le Net des propositions de catéchèse intéressantes. Elles les partagent entre elles, puis avec les enfants. » L'idéal serait de partager en vidéoconférence, mais les moyens manquent. « Le rôle des parents est par conséquent plus important que jamais. J'ai d'ailleurs envoyé une lettre rappelant que la famille est l'Église domestique. »
Dans l'immédiat, c'est la Semaine sainte qui occupera les prêtres du doyenné. « Comme il n'y aura aucune célébration communautaire, chaque jour à partir du dimanche des Rameaux, une célébration sera transmise sur Youtube comme ce dimanche. Et pour chaque jour de la Semaine sainte, chaque prêtre, à tour de rôle, rédigera un texte invitant chacun à faire une démarche personnelle comprenant un temps de méditation et un temps de prière pour recevoir la communion spirituelle. »
Une fête de Pâques qui, assurément, restera dans les mémoires, à l'image de cette sombre période.
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Drame redouté au Cameroun... et dans toute l’Afrique
La pandémie de coronavirus, Serge Julien Tchinda la vit aussi, indirectement, au Cameroun, où se trouve la quasi-totalité de sa famille. Non sans craindre le pire pour elle, son pays et l'Afrique entière...
«Il y avait 193 cas recensés ce mardi matin au Cameroun. En deux semaines, il n'y a eu que six morts. C'est très peu, certes, mais on fait aussi très peu de tests.» Des chiffres qui, par conséquent, n'inquiètent guère la population et n'incitent pas à la mise en place de mesures collectives. Or, «quand l'épidémie sera là, je crains l'hécatombe», ne cache pas le prêtre.
À l'entendre, les freins à la mise en place de mesures sont multiples. Il cite le problème général de l'Afrique par rapport à la sensibilisation aux normes d'hygiène, à l'éducation au respect des règles. «On relativise les règles, on estime que ça va s'arranger», dit-il.
Des normes qui se heurtent inévitablement à la difficulté de la (sur)vie des Camerounais, et sont de ce fait souvent insuffisantes voire mal appliquées. Ainsi, il n'est pas rare que des taxis transportent jusqu'à huit personnes pour des raisons de rentabilité. «La mesure prise limite le nombre de passagers à cinq par voiture», indique Serge-Julien Tchinda...
On se heurte à un autre frein: la subsistance. «Il n'y a pas de mesures pour permettre aux gens de subvenir à leurs besoins comme en Belgique. Et 70% vivent de la débrouille. Si on leur dit d'arrêter de travailler, on ne sera pas loin de la révolte.»
Au plan sanitaire, «les hôpitaux sont déjà saturés en permanence. Aussi le pouvoir a-t-il décidé de réquisitionner des hôtels pour accueillir les malades du Covid-19. Pas l'idéal: ce n'est pas fait pour ça. D'autant que tout est payant pour le moindre soin.» Et le matériel (masques, gants) sera rapidement épuisé, prédit le prêtre. Et que dire des conséquences de l'extrême dépendance économique de son pays: «Si tout est bouclé, on est perdus.»
Il pointe néanmoins un peu de positif: «Les écoles ont presque toutes été fermées. La TV étrangère, accessible par le câble, peut aussi aider à prendre conscience, mais elle reste un luxe et n'est accessible qu'à une petite partie de la population. Et, heureusement, les Africains sont des battants.»
Hier, la famille Tchinda était par chance épargnée par le virus. «Pour combien de temps?» soupire le doyen.
(Source: articles de Benoît WATTIER, l'Avenir, 1er avril 2020)
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Créé parDiocèse de Tournai