Compostelle: «Le chemin peut attendre»
C'est la déception chez tous ceux qui ont dû revenir d'Espagne ou renoncer à partir. L'association belge des Amis de Saint-Jacques invite à pérégriner à partir de chez soi...
« Peregrinon, no est el momento !!! El camino sabe esperar » (« Pèlerin, ce n'est pas le moment. Le chemin peut attendre. » C'est le message de la Fédération des associations des amis du Camino de Santiago.
« Je comprends la déception des pèlerins qui sont arrivés à Saint-Jacques après deux mois de cheminement et ont trouvé la cathédrale de Santiago fermée, ont dû renoncer à se rendre dans la crypte, n'ont pas pu donner l'accolade à la statue de saint Jacques au-dessus de l'autel... »
Une pilule amère à avaler !
Président de l'Association belge des Amis de Saint-Jacques de Compostelle, qui correspond à la Belgique francophone, Pascal Duchêne a très vite compris les risques que couraient les pèlerins en route en Espagne. « Avant que les autorités du pays ne prennent des mesures, les différentes fédérations espagnoles d'associations jacquaires et de pèlerins avaient, comme la nôtre et comme celle de nos amis flamands, pris les devants », explique-t-il.
L'association publie régulièrement une newsletter « Paroles de Camino ». Dans un numéro « spécial confinement » envoyé voici quelques jours, le président écrit : « Chers pèlerines et pèlerins, nous voilà donc confinés ! Pour ceux qui étaient sur le chemin, notamment proches de Saint-Jacques, et qui ont dû s'arrêter en vue du but de leur pèlerinage, si près du but, quelle pilule amère à avaler ! Un retour presque manu militari, sans doute de la cohue, de l'angoisse, de la rage et beaucoup de tristesse... quelle profusion de sentiments contradictoires à gérer !
Pour ceux qui allaient partir pour une première fois, attendue depuis peut-être des années, une dizaine parfois, quel coup de tonnerre ! Tout était prêt ! Une longue préparation, une minutieuse organisation parfois négociée durement et patiemment à la maison et au travail volaient en éclats. »
« Le chemin, je le ferai quand ce sera le moment »
Aujourd'hui, toutes les auberges situées en Espagne ont fermé et pratiquement tous les pèlerins, quelle que soit leur nationalité, ont pu regagner leur foyer. Certains ont eu la chance... de ne pas partir.
« Cela fait 3 mois que je me préparais pour le camino de la Plata, un des derniers que je n'ai pas encore parcourus », écrit une pèlerine au président de l'association : « Achat du guide, recherche d'infos sur les merveilles de ce chemin, rendez-vous avec un ami espagnol et un Suisse pour quelques jours de marche, grosse préparation physique vu que j'avance gentiment en âge, 72 en juin, régulièrement 10-15 km autour de chez moi avec sac lesté de kilos de sucre ou farine !
Mon avion était prévu le 17 mars, quelle chance qu'il n'était pas prévu 10 jours plus tôt, Dieu sait où je serais bloquée aujourd'hui ou en quarantaine, donc mon état d'esprit est excellent, je ne suis pas du genre à regretter. Ici le soleil est revenu et avec lui les promesses de printemps ! Le chemin, je le ferai quand ce sera le moment, je rends grâce pour tous ces chemins déjà parcourus depuis 16 ans, et de toutes ces belles rencontres qui ne s'effacent pas de mon coeur ! Vive la Vie ! »
A l'écoute
L'association des amis de Saint-Jacques reste évidemment à l'écoute de tous les pèlerins, et son président leur fait une proposition : « Commencer la préparation de son Chemin de Compostelle, ou le poursuivre 'immobile' chez soi. » (voir ci-dessous).
Pascal connaît bien les chemins de Compostelle : avec son épouse Joëlle, qui enseigne l'espagnol, il a commencé à pérégriner voici 25 ans tout juste. Le couple, qui habite Tertre, a d'abord fait le chemin avec ses trois enfants, alors tout jeunes, en l'étalant sur six années. La famille se déplace toujours en vélo. Ensuite les Duchêne ont refait le chemin à plusieurs reprises, toujours par tronçons. Ils logent dans les auberges bien sûr mais aussi parfois dans des hôtels, en choisissant les parcours, selon le principe « chacun son chemin ». Mais aujourd'hui, le mot d'ordre est la patience...
Plus d'infos
- Un article de « La Croix » : https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Monde/Coronavirus-seul-pelerin-chemin-Compostelle-Espagne-2020-03-24-1201085769
- La campagne de la fédération espagnole : https://www.caminosantiago.org/cpperegrino/comun/inicio.asp
- Le site de l'association belge : www.st-jacques.be
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Créé parDiocèse de Tournai