Décembre 2017
Marguerite LENA, Colette Kessler. Le passage de la gloire, préface de Mgr Jean-Marc Aveline, Publications Chemins de dialogue, Marseille, 2015.
Colette KESSLER, Dieu caché, Dieu révélé. Essais sur le judaïsme, préface du rabbin Daniel Farhi , postfaces de Marguerite Léna et soeur Marie-Louise Niesz, Parole et Silence, Paris, 2017.
Le thème du passage de la gloire renvoie à un épisode raconté en Exode 34 où Moïse, qui reçoit les prescriptions du Seigneur, paraît particulièrement lumineux de s'être entretenu avec le Seigneur. Un voile couvre par moment ce rayonnement après qu'il ait commencé à rapporter les paroles que le Seigneur lui a confiées. Quel est ce voile ? Peut-on faire un lien avec le voile dont il est question dans la deuxième épître aux Corinthiens lorsqu'il est dit qu'un voile couvre le coeur des fils d'Israël qui lisent la loi de Moïse ? Voilà des questions pour faire entrer dans un riche dialogue Juifs et Chrétiens. Marguerite Léna, philosophe et enseignante au collège des Bernardins, s'est liée d'amitié avec Colette Kessler et a voulu mettre en évidence dans le livre qu'elle lui consacre l'expression juive de la recherche de Dieu de Kessler : celle-ci a souvent répondu à l'invitation de chrétiens désireux de mieux connaître le judaïsme et de progresser avec eux sur le chemin du dialogue. L'amitié entre les deux femmes a soutenu l'intérêt pour cette rencontre de deux traditions qui gagnent à chercher à se comprendre mutuellement pour leurs chemins de foi respectifs.On peut poursuivre avec Colette Kessler ce dialogue entre judaïsme et christianisme par une série d'écrits ou articles publiés chez Parole et Silence. On y trouve pas mal d'enseignements à destination d'un public chrétien, notamment dans un essai intitulé Dieu caché, Dieu révélé dans le judaïsme reprenant un enseignement qu'elle a donné aux soeurs de l'Epiphanie de Peyremale. On trouve ainsi un magnifique témoignage d'une recherche de Dieu dans les fêtes juives qui célèbrent Dieu, dans une vie qui se rend attentive à lui en scrutant la loi, les prophètes et les psaumes. Qu'il y ait révélation ne veut pas dire qu'il ne faut pas encore et toujours chercher Dieu. Est ainsi lancée une invitation à étudier les textes, à y trouver de quoi renouveler l'attention à Celui qui s'y dit. Dieu caché, Dieu révélé est l'expression d'une foi juive bien stimulant la recherche de Dieu dans la tradition chrétienne.
Bernard PITAUD, Jean-Jacques Olier (1608-1657), Lessius, (Au singulier, 33) , Namur, 2017.
L'ouvrage présenté par Bernard Pitaud, historien, ancien provincial des Sulpiciens, présente de nombreux attraits. Cette biographie du fondateur des prêtres de Saint Sulpice allie une grande rigueur dans le traitement de sources et une large ouverture à la dimension spirituelle. Elle apporte un grand éventail de textes en scrutant qui était Olier dans ses mémoires et dans sa correspondance. On comprend aussi comment des rencontres l'ont fait progresser dans un projet de vie spirituelle : on peut citer Agnès de Langeac et Marie Rousseau, cette dame qui lui rapportait ce que le Seigneur lui donnait à contempler. Lui-même s'appliqua à regarder les événements de la vie dans une disposition de foi qui stimule son cheminement spirituel. Ce qui est à vivre présentement est une figure ou une image pour entrer dans le grand mystère, c'est à dire dans le don que le Seigneur fait aux hommes en Jésus. Et en cela, on est invité à accueillir les dons que le Seigneur fait encore. Olier s'appliqua à rédiger ses mémoires comme un exercice où il perçut une réelle fécondité. Et ce fut tout bénéfice pour ceux qui pourraient, par cette oeuvre, devenir héritiers des biens dont y témoigne un homme qui a goûté à une riche vie spirituelle. L'histoire d'Olier permet aussi de réaliser les conditions dans lesquelles s'exerçait la pastorale d'alors, par les réflexions de celui qui voulait, par la création de séminaires, insuffler un souffle nouveau et un dynamisme apostolique.
Jean-Pierre PUTOIS, Éloge de la direction spirituelle sous forme d'anthologie, édition revue et augmentée, Artège-Lethielleux, Paris, 2017.
À travers des morceaux choisis, ce livre est une présentation de cette grande tradition de direction spirituelle qui a, des siècles durant, illuminé la chrétienté. Cette édition reprend les éléments de la précédente (2001) maintenant épuisée en ajoutant des références scripturaires ainsi que des jalons pour l'ascension spirituelle : il est fait référence à la doctrine de saint Jean de la Croix symbolisant le Mont de Perfection. Des jalons sont aussi pris dans les exercices de saint Ignace de Loyola. Sont traitées aussi quelques questions importantes sur l'exercice de la direction spirituelle, sur l'équilibre qu'elle demande, sur son rôle dans un monde où l'on connaît aussi la place de la psychologie et de la psychanalyse.
Patrice CHOCHOLSKI, Prier quinze jours avec le Curé d'Ars, Nouvelle Cité, (Prier quinze jours avec, 195), Bruyères-le-Châtel, 2017.
C'est l'actuel curé d'Ars, recteur du sanctuaire d'Ars depuis 2014, qui nous propose de laisser la figure de Jean-Marie Vianney nous accompagner dans la prière. Son cheminement entraînera beaucoup de ses contemporains. Mais aujourd'hui encore, avec Jean-Marie Vianney, le lecteur rencontrera et recevra pour l'accompagner un missionnaire qui annonce l'Évangile, un homme sensible aux conditions sociales, un homme de partage et bien sûr aussi un homme de la réconciliation.
Jean-François NOEL, Où es-tu ? Présence à soi, présence de Dieu, Salvator, Paris, 2017.
L'auteur est prêtre et psychanalyste. Il nous invite à un cheminement qui naît de la rencontre de la finitude et qui doit aller vers l'assurance que le Fils de Dieu vient plaider notre cause. La religion n'est pas une consolation à des angoisses qui viennent de cette situation où l'homme semble s'être écarté de ce qu'il est. Pour que la finitude ne soit pas reçue comme un affront mortel, quand on quitte un discours trop optimiste qui n'a pas pris au sérieux la fragilité, il ne faut pas devenir ce qui nous fatigue. Peut-être plutôt devenir une question pour soi-même au sens où la parole pourra être le lieu d'une réponse qui ne peut venir sans prendre en compte l'épaisseur de l'humain. Il s'agit donc de découvrir un chemin pour trouver où Dieu se trouve et où devrait être l'homme.
Christophe Theobald, Urgences pastorales. Comprendre, partager, réformer, Bayard, Paris, 2017.
Jésuite, l'auteur est professeur de théologie fondamentale. Il avoue ainsi devoir s'armer de prudence et de modestie pour aborder des questions de pastorale. L'enracinement dans une expérience pastorale lui permet cependant de s'y engager. La modestie reste de mise pour comprendre pourquoi engager une réforme, sur quoi elle doit porter, comment la mettre en oeuvre, et avant tout, où se trouve son enracinement. Il insiste sur la dimension spirituelle de cette réforme. Il ne faut pas se tromper de combat et s'il faut une pédagogie de la réforme à mettre en oeuvre, sa compréhension suppose de développer une intelligence spirituelle de notre situation historique et il s'agit aussi de développer notre vie intérieure. Christoph Theobald propose cette pédagogie en trois temps : d'abord en posant un indispensable diagnostic sur nos sociétés et nos communautés. Le point central qui suivra met en évidence une conversion missionnaire avec l'expérience de foi qui rend cette transformation désirable. Enfin, il s'agira de prospecter, d'imaginer ce que devient l'Église et les chemins qu'elle va emprunter. Le théologien va puiser dans son expérience pastorale un goût pour une réflexion dans un domaine plus pratique. Ayant sondé les éléments fondamentaux de la doctrine chrétienne sous l'angle de la transmission, ayant aussi réfléchi à une pastorale d'engendrement qui permettrait de répondre à cette expérience chrétienne centrale qu'est la vocation, il refuse le pragmatisme qui voudrait répondre aux problèmes actuels sans penser plus fondamentalement la figure de l'Église.
Joël ROCHETTE, Dominique LAMBERT (éd.) Lueurs d'Apocalypse, imaginaire et recherches autour du manuscrit de Namur (XVIe siècle), Actes du colloque organisé par le Grand Séminaire de Namur les 19 et 20 février 2016, Lessius, Fidélité, Namur, 2017.
Le colloque dont voici les actes concerne le manuscrit appelé Apocalypse de Namur ou Namurcencis, oeuvre d'une miniaturiste du XIVe siècle. Des chercheurs de différentes disciplines ont montré l'actualité du texte de l'Apocalypse. Des approches bibliques ou théologiques se mêlent ainsi à ce que la science peut décrire des menaces qui situent un sens fréquent du mot « apocalypse ». S'ajoute aussi une présentation experte de ce genre de manuscrit. Les actes, richement illustrés par de magnifiques illustrations réalisées à partir du manuscrit par Guy Focant, sont aussi un plaisir pour les yeux.
Eric de BEUKELAER, Baudouin DECHARNEUX, L'urgence humaniste. Playdoyer pour une renaissance, Renaissance du Livre, Waterloo, 2017.
Au cours de son histoire récente, l'humanité s'est trouvée plusieurs fois au bord de l'abîme. Le livre appelle à la lucidité. Par notre humanité, nous sommes tous, croyants, athées ou agnostiques, dans le même bateau. Et la ligne de démarcation entre les uns et les autres n'est pas si facile à établir. Ce plaidoyer pour une renaissance cherche donc à voir l'homme en quête de sens et de connaissance, dans les démarches où il est poussé par un désir et dans les discours où il se raconte. Il l'invite à se confronter à ce qui peut aujourd'hui le menacer, et à chercher un chemin qui se souvienne de ce qu'est son humanité. En écoutant les voix qui font se méfier des mirages ou celles qui invitent à s'ouvrir à l'émerveillement ? La lucidité demande sans doute dans bien des situations actuelles de prendre ces interpellations au sérieux pour un chemin où la raison n'exclura pas la spiritualité. Le livre s'inscrit dans l'action de la fondation Ceci n'est pas une crise qui se donne différents objectifs d'action au niveau social.
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Créé parDiocèse de Tournai