Février 2018
Michelina TENACE, On ne naît pas chrétien, on le devient, Dogme et vie durant les trois premiers conciles, Lessius, (Donner raison) , Namur, 2017.
Ce livre insiste sur une intuition : dogme et vie chrétienne se correspondent, la théologie est le reflet de la vie chrétienne du croyant, théologie et spiritualité constituent comme un miroir et cela vaut la peine de réfléchir aux liens qui existent entre les contenus de la foi et l'acte par lequel on croit à un moment précis. La vie chrétienne, si elle se réfère à des vérités et qu'une pensée se doit de les articuler, suppose aussi un engagement et un itinéraire spirituel. Comme Michelina Tenace le dit à propos de saint Antoine, c'est une garantie contre les risques de dualisme. Fréquenter les pères de l'Église est à ce point de vue particulièrement riche et l'auteur s'en fait le porte-parole : ils transmettaient la vie comme vérité de foi et comme style de vie.
Christoph BÖTTIGHEIMER, René DAUSNER, Mathijs LAMBERIGTS, Gilles ROUTHIER, Pedro RUBENS, Ferreira OLIVEIRA, Christoph THEOBALD, 50 ans après le Concile, quelles tâches pour la théologie ? Diagnostics et délibérations de théologiens du monde entier, Lessius, (Donner raison), Namur, 2017.
Pour fêter le cinquantième anniversaire de Vatican II, cinq grands congrès intercontinentaux ont eu lieu entre 2012 et 2015 : à Modène, à Bangalore, à Boston, à Munich et à Paris. Ces organisations, avec leurs lots de conférences et de communications, étaient également des rencontres qui ont adopté un style résolument délibératif. La théologie peut s'exercer dans le dialogue des expertises respectives, ouvrant ainsi à une intelligence collective. Cet ouvrage reprend les déclarations finales des congrès de Munich et de Paris. La réflexion au congrès de Munich insista sur les tâches qui attendent la théologie catholique (en particulier dans le monde germanophone) au XXIe siècle et elle est reprise sous le titre « Réflexions sur la théologie et l'Église 50 ans après le Concile Vatican II. » Reprendre aujourd'hui des pistes de réflexion comme les axes du dialogue avec le monde et du dialogue avec les autres religions convoque les représentants de toutes les disciplines théologiques à évaluer la pertinence du Concile dans les conditions actuelles de réception. Karl Rahner déclara à la clôture du Concile, en 1965, qu'il faudrait beaucoup de temps pour que l'Église devienne l'Église du Concile. Le congrès de Paris est repris sous le titre «Cinquante ans après le concile, des théologiens du monde délibèrent. » Une bonne centaine de théologiens, de chercheurs de l'intelligence de la foi chrétienne y sont entrés dans un processus de délibération, prêtant attention à la rencontre de l'Évangile avec les cultures contemporaines pour veiller ainsi à la mission de l'Église aujourd'hui et demain. Les conclusions évoquent la position de la théologie au sein de l'Église et pas seulement dans les facultés universitaires, en prenant particulièrement en compte la dimension communautaire de l'Église et le discernement que cela peut susciter quant à la mission de l'Église dans le monde d'aujourd'hui.
Claire VAN LEEUW, Joseph Cardijn, Au nom des jeunes ouvriers, Fidélité, préface d'Etienne Grieu, Namur, 2017.
Claire Van Leeuw est historienne de formation. Pour les recherches qui allaient nourrir cet ouvrage, elle a tenu à partir des archives et des textes de Joseph Cardijn. Dans le contexte de la fin du 19e siècle, le jeune Joseph Cardijn a ressenti cruellement le fossé qui se creusa quand il put, grâce aux sacrifices de ses parents, rejoindre le petit Séminaire de Malines et progresser ainsi vers le sacerdoce. Comme si, aux dires de ses anciens camarades devenus travailleurs, il avait rejoint le camp des riches. C'est dire la distance d'alors entre le monde ouvrier et l'Église. Cardijn ne cessa de vouloir apporter la Bonne Nouvelle vers les milieux populaires.
Ces efforts purent se montrer en rivalité avec les mouvements de gauche. Il ne voulut pas faire de politique, encourageant les laïcs à exercer leurs responsabilités en ce domaine, mais il est certain qu'il mit en route avec les mouvements d'action catholique et en particulier la Jeunesse Ouvrière Chrétienne une dynamique qui eut son impact sur la société de l'époque. Il était très soucieux de la formation : il confia un jour qu'un homme qui ne cherche plus est un homme mort. Il travailla des thématiques comme la question sociale, le rôle social de l'Église, le mouvement ouvrier et syndical, les coopératives, avec la méthode résumée par les trois verbes « voir, juger, agir » qui pointe vers un agir qui s'en trouve éclairé. Les papes ont soutenu son action auprès des populations ouvrières. Il était proche de Jean XXIII et osa lui souffler qu'il conviendrait bien écrire quelque chose pour fêter les 70 ans de Rerum Novarum car il était temps que l'Église parle du travail. A la demande du pape, il confia des pages de réflexion sur cette thématique et ces pages ont été prises en compte pour la publication de Mater et Magistra en 1961. Rappelons que cette encyclique trace le projet d'une société fondée sur l'amour et le respect de tout homme. 50 ans après le décès de Joseph Cardijn, il était important de faire découvrir ou redécouvrir l'itinéraire de cet homme dont l'action a marqué la vie de plusieurs générations. Ce livre nous en offre la possibilité.
Michel COOL, De quoi avons-nous peur ? Désarmons-nous, Salvator, Paris, 2017.
Michel Cool, journaliste, suit un itinéraire spirituel qu'il avait commencé à tracer dans Conversion au silence. Itinéraire spirituel d'un journaliste paru chez Salvator en 2010. Depuis il confesse être habité par des peurs, en particulier lorsqu'elles sont nourries par des événements comme les attentats perpétrés dans la mouvance de l'Islamisme. Il évoque la figure du père Hamel, prêtre à Saint Etienne-du-Rouvray, qui mourut en martyr, lui demandant dans sa prière de désarmer le vivant en lui qui réclame justice et vengeance. Car il le reconnaît, il risque souvent de décrocher de la foi qui est tout l'inverse de la peur. La démarche de non-violence vécue comme on le peut dans une vie de prière, c'est préserver en soi une place pour Dieu que les réflexes de survie ou de riposte peuvent retrancher. Michel Cool évoque différentes peurs qui menacent l'esprit de foi. Peur de la violence qui rejoint la peur de l'Islam dans le contexte de différents événements qui ont touché la France et l'Europe récemment. Il y a aussi une peur de l'ouverture et une peur du silence. La première est importante pour que l'Église puisse, comme le demande le pape François, aller aux périphéries plutôt que de céder à des tendances sectaires ou identitaires. A propos d'une peur du silence, Michel Cool nous livre un témoignage personnel qui insiste sur l'importance du silence pour échapper aux bruits extérieurs et aux bruits intérieurs comme autant de nuisances de l'esprit qui peuvent nous asservir. Pour dépasser les peurs qui peuvent nous gagner, il nous propose quelques prières à adresser à Dieu qui nous fait dépasser nos peurs.
Sylvain CARIOU- CHARTON, Accompagner les jeunes adultes, 7 Jésuites témoignent, Lessius, Namur, 2017.
Ce livre se veut une contribution à la réflexion sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, thème d'un prochain synode des évêques pour lequel une enquête préparatoire a été lancée. La contribution se veut selon une voie jésuite contemporaine, dans le droit fil de l'héritage d'Ignace de Loyola, de François-Xavier et de Pierre Favre. Les contributions sont représentatives de diverses réalités d'aujourd'hui, prenant particulièrement en compte des éléments comme la dimension affective, les réseaux sociaux, la liturgie ou l'engagement auprès des pauvres. S'y exprime le désir de communiquer un feu ardent, dans un langage théologique adapté et par un accompagnement spirituel soucieux des personnes.
Roger DEWANDERLER, Spiritualité du doute, Préface d'André Gounelle, Lessius, (Donner Raison), Namur, 2017.
Il y a un danger à ne pas se remettre en question mais le doute comme tel porte une dimension négative. Aujourd'hui, le doute est pourtant quelque chose de positif dans une civilisation qui est comme formatée par le doute. Il vaut la peine de faire l'histoire de l'humanité sous ce point de vue du doute. On pense au doute méthodique de Descartes et aux herméneutiques du soupçon (Feuerbach, Marx, Freud et Nietzsche) Le livre met aussi en évidence une spiritualité du doute à partir de personnages bibliques comme Jacob, Job et Thomas. Il s'agit aussi de prendre le doute comme un élément bien présent de la personne qui se trouve appelée à un acte de foi, comme une sorte de risque lié à notre perfectibilité.
Jacques ARENES, La fabrique de l'intime. La famille, le sexe et l'enfant, Cerf, Paris, 2017.
L'auteur, psychologue clinicien et psychanalyste, est professeur à l'Institut Catholique de Paris. Il s'appuie sur son expérience de psychologue et de psychanalyste et sur sa fine connaissance de la culture contemporaine pour aborder ce que veut dire faire couple au XXIe siècle. La liberté individuelle est une donnée majeure et la construction d'une vie commune doit la prendre en compte, ainsi que l'exigence de l'épanouissement personnel. On y rencontre parfois une sorte de scepticisme inavoué dont il n'est pas aisé de s'extraire. On imagine pourtant combien il est important que le couple soit un lieu de reconnaissance mutuelle même si cette reconnaissance peut avoir le prix d'un véritable travail voire parfois d'une véritable lutte. Il faut être sensible à un nouveau rapport aux normes sous la forme nouvelle de règles qui n'ont plus la teneur d'un respect a priori de la tradition ou de l'institution, sauf qu'un rapport à une institution fait partie de la condition humaine, depuis le langage jusqu'à divers éléments qui donnent du sens et il faut mesurer l'importance d'un rapport à ce qui donne sens quand il s'agit d'affermir ce dont on perçoit la fragilité. Le parcours se veut souvent assez concret par des exemples et permet de bien mesurer toute l'ampleur des défis qui se posent aux couples aujourd'hui.
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Créé parDiocèse de Tournai