Mars 2018
Sous la direction de la Société Jean-Marie Vianney, Peuples de prêtres, prêtres pour le peuple, Sacerdoce commun et sacerdoce ministériel : deux participations à l'unique sacrifice du Christ, Artège-Lethielleux, Paris, 2017.
Cet ouvrage reprend les actes d'un colloque tenu à Ars en janvier 2017 sur l'articulation entre les deux sacerdoces et veut ainsi mettre en lumière une complémentarité entre eux. La présentation montre que sacerdoce commun et sacerdoce ministériel sont des participations à l'unique sacerdoce du Christ qu'il faut lui aussi préciser par rapport aux prêtres de l'ancien testament. Dans la première contribution, le cardinal Ouellet évoque, par le sacerdoce du Christ, son identité profonde qu'il faut relier à la théologie trinitaire donc au rôle de l'Esprit Saint et par là à la communion ecclésiale. Cette pensée théologique systématique éveille à bien recevoir des recommandations des pères, comme saint Jean Chrysostome évoqué par le Père Jacky Marsaux à propos de la participation du peuple dans la liturgie : «Pourquoi trouves-tu que le peuple soit associé au prêtre ? ...ne laissons pas tout retomber sur les prêtres mais nous également, ayons le même souci de toute l'Église, comme d'un corps qui nous est commun. » En canoniste, le Père Sautereau commente les interventions du Saint Siège à propos de cette articulation prêtrelaïcs dans le contexte des crises qui ont suscité des mises au point. Jean-Paul II, pour répondre à la crise de prêtres minimisant la différence des deux sacerdoces, invitait ceux-ci à croire à leur propre mystère, ce qui est la première fidélité demandée à un prêtre. La question de la différence et de la complémentarité du sacerdoce commun et du sacerdoce ordonné peut rester délicate : les interventions ici reprises permettent d'en donner une meilleure intelligence.
David MEYER, Bernard PHILIPPE, Europe et Israël : deux destins inaccomplis. Regards croisés entre un diplomate et un rabbin, Lessius, (l'Autre et les autres), Namur, 2017.
Des rencontres, le partage de convictions et une amitié entre David Meyer, rabbin professeur de littérature rabbinique, et Bernard Philippe, ancien fonctionnaire européen longtemps en poste au Proche-Orient, nourrissent ce livre. Il plaide pour la fécondité d'un tel dialogue pour parler de l'avenir d'Israël, ainsi que pour relire l'histoire et le projet de l'Europe en prenant en compte le genre de questions qui se posent pour Israël. Quand le discours d'un rabbin rejoint la politique non pas en se conformant à la pression de la communauté et sous le couvert des partis politiques au pouvoir, cela provoque et suscite une autre vision juive de l'État d'Israël. Si la théologie peut ainsi redonner un rôle particulier à Israël, cela pourrait faire saisir que la pensée diplomatique ou politique est trop courte, si l'on pense l'Europe et le projet d'un vivre ensemble qui la concerne : à l'heure des flux de migrants et de réfugiés, il faudrait revenir à une dimension spirituelle des racines de l'Europe.
Annie WELLENS, Les Pères de l'Église dans tous leurs états. Goûter aujourd'hui le fruit de leurs vignes, Lessius, (au singulier), Namur, 2017.
Annie Wellens lit assidûment les pères de l'Église depuis de longues années. Elle est cofondatrice de l'association Caritaspatrum qui organise des journées d'étude sur les Pères de l'Église. Elle donne ici le fruit de ses fréquentations, reprenant des interventions données devant des assemblées de spécialistes. Alors que les métiers du livre sont menacés par un appauvrissement croissant de la relation à l'écrit, il y a fort à penser que la découverte des Pères de l'Église vienne éclairer une critique de la lecture comme consommation d'un objet de divertissement. Vient à point l'admiration d'un Augustin quand il voit Ambroise, silencieux, absorbé par la lecture de l'Écriture pour en mettre à jour le sens spirituel. Renvoyant à des maîtres spirituels au long des siècles, l'ouvrage d'Annie Wellens nous propose de les découvrir dans leurs écrits comme des compagnons pour notre route.
Véronique DUFIEF, Contempler avec Victor Hugo, Salvator, Paris, 2017.
Véronique Dufief nous invite à nous embarquer pour une traversée des oeuvres de Victor Hugo. Selon le témoignage qu'elle en donne, une telle traversée permet à chacun de renouer avec l'aventure de son désir de vivre et d'aimer. Dans la préface de la Légende des siècles, V. Hugo confesse qu'il a voulu écrire « une espèce d'hymne religieux à mille strophes, ayant dans ses entrailles une foi profonde et sur son sommet une haute prière. » Cette foi serait-elle une foi en la poésie, comme travail aux limites des capacités du langage ? Ce serait là une critique des pensées hypocrites d'une religion des forts grâce à un caractère précaire, ce terme étant à prendre dans sa signification originelle. Le discours poétique est fruit de la prière et donc permis par une puissance supérieure. Le programme d'un parcours poétique peut se vivre avec Victor Hugo comme chemin de conversion. On voit alors que la poésie laisse ouverte la question de Dieu mais ouvre large le chemin vers l'Autre qui commence après le deuil spirituel de l'ego destitué de ses illusions narcissiques. Pour connaître, il faut s'ignorer et accepter que l'approche de l'Autre et de son mystère demande d'être disposé à se laisser connaître par ce que l'on cherche à découvrir.
Jean-Noël DUMONT, Pour une alternative catholique, suivi de trois études sur Montalambert, Péguy et Cavanaugh, Cerf, 2017.
Au moment où l'on parle d'altermondialisme et d'essais d'un autre monde pour lesquels il faudrait être à la marge pour le penser et y oeuvrer, Dumont fait remarquer l'alternative en quoi consiste la communion eucharistique, dans la lignée du théologien américain William Cavanaugh. L'essai est à classer dans une théologie politique, ce qui n'a rien à voir avec une théocratie mais ouvre bien plutôt un débat dans un espace public que l'on croirait devoir neutraliser alors que se presse à sa porte une diversité de cultures et de convictions. Il ne faudrait pas faire taire les religions, nous dit-il, mais leur donner la parole. Utopie ? Faire l'Église, c'est laisser parler un agir politique à même de renouveler la communion, l'hospitalité, l'alliance. Le livre l'explique et en communique la conviction.
Christoph SCHONBORN, L'amour espère tout. Parole et Silence, Paris, 2016.
Le cardinal de Vienne parle ici de l'amour et de la famille en reprenant et commentant l'exhortation post-synodale du pape François, La joie de l'amour. Ce livre est le fruit d'entretiens et d'une correspondance avec le jésuite Antonio Sparado. Le Cardinal souligne comment, sans renoncer à la doctrine de l'Eglise sur le mariage et la famille, le pape invite à adopter l'attitude du bon pasteur. Il relève ainsi des points névralgiques comme la dimension historique et sociale du mariage. Schönborn s'est souvent indigné, au synode, à propos d'un langage qui pouvait rester abstrait. Il veut aussi élargir le propos en prenant en compte l'environnement immédiat du couple et de l'enfant, en évoquant les oncles, les tantes et les grands-parents qui peuvent jouer un grand rôle. Le cardinal s'explique aussi sur le lien entre les dimensions doctrinale et pastorale : la doctrine ne peut être une énonciation abstraite sans lien avec ce que l'Esprit dit aux Églises. La vérité fondamentale, se plaît-il à rappeler, c'est que Dieu a fait miséricorde. Cela demande une profonde conversion pastorale. Ce livre qui prend la majeure partie du temps la forme d'un entretien - avec Antonio Sparado - fait dépasser bien des débats concernant la réception d'Amoris Laetitia. Il en montre surtout toute la dynamique qui est de rejoindre chacun de nous dans la pauvreté de sa vie quotidienne pour valoriser, orienter, donner courage et chaleur à notre pratique du cheminement. Elle pousse chacun à la rencontre avec Dieu dans une histoire irréductible à des abstractions et des normes générales.
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Créé parDiocèse de Tournai