Février 2019
Michel REMAUD, Évangile et tradition rabbinique, nouvelle édition revue et augmentée, préface d'Anne-Marie Pelletier, Lessius, Namur, 2018.
Des motifs évangéliques, des arguments pauliniens, des affirmations de la lettre aux Hébreux reçoivent une intelligibilité nouvelle lorsqu'ils sont lus sur fond des traditions premières du judaïsme. La nouveauté du Christ apparaît ainsi dans une lumière nouvelle - réfractée dans la vigilance interprétative - du peuple juif.
L'auteur nous montre en dix-sept étapes comment la tradition rabbinique est un maillon indispensable dans la dynamique d'interprétation qui va de l'Ancien au Nouveau Testament.
L'ouvrage, paru initialement en 2003, était épuisé et a été revu pour cette nouvelle édition. Pour faciliter la lecture - quelques termes de la tradition rabbinique risquent de paraître barbares au lecteur non-initié - un lexique reprend quelques termes en fin de volume. L'exposé se veut assez technique pour respecter la tradition à laquelle on puise car il ne pouvait se contenter d'une présentation somme toute superficielle.
Francis GUIBAL, Veilleurs aux frontières, Bergson- Rosenzweig, Girard-Ricoeur-Chalier, Derrida-Nancy, Castoriadis-Stanguennec, Lessius, (Donner Raison), Namur, 2018.
L'histoire de la pensée montre une tendance à prendre comme perspective davantage la liberté et les attitudes existentielles que la raison et ses catégories essentielles. Cela invite à apporter les questions essentielles sans prétendre y répondre par une théorie unique mais dans un dialogue toujours à reprendre entre des libertés en quête de raison. Ce sont de pareils dialogues auxquels ce livre nous fait assister sur divers thèmes comme « histoire et libertés », « expérience et transcendance », « déconstruction et création », « le religieux en héritage ».
Un philosophe comme Hegel a voulu reprendre dans une dialectique ce qu'il découvrait d'une historicité radicale
de l'existence en même temps qu'une recherche de compréhension qui lui soit coextensive. L'accent mis sur la liberté semblerait nous demander de recueillir des éclats de sens. Mais en recevant ses témoignages peut se faire entendre alors l'appel à articuler au plus juste le réalisme historique de l'action et le jugement responsable de la pensée.
Les essais présentés supposent un choix, qui tente d'orienter dans l'actualité intellectuelle et spirituelle de notre monde. Le titre évoque des frontières, non au sens où il y aurait un domaine abordé limité mais bien parce que celui qui se tient aux frontières peut espérer un dialogue sur ce qu'une liberté aura parcouru pour
pouvoir en juger.
S'il est question de jugement, la pensée qui relève bien d'une subjectivité dont on reconnaît l'autonomie, s'expose à l'exigence d'aller vers une pensée élargie, de dépasser ses propres frontières, soucieuse en celà de se mettre à la place de tout autre.
Sous la direction de Hubert Faes, Le politique et les religions. Penser avec Stanislas Breton le défi de l'unité, L'Harmattan, Paris, 2018.
Comment concilier une diversité de religions et une ouverture à l'athéisme au sein d'une même société ? Ce n'est pas que la politique ne pourrait plus jouer son rôle à cause de la présence de références religieuses différentes. Cela l'État laïque le garantit. Mais au niveau social, on se demande quelle cohésion, quelle unité il peut encore y avoir alors que ce n'est plus par référence à un type de vérité sur laquelle s'appuierait une conviction religieuse. La question n'est plus politique, dès lors que la politique se veut laïque pour permettre la coexistence d'une diversité, elle est sociale. Il ne sera pas question d'abord des rapports politiques entre le politique et les religions déjà constituées comme des pouvoirs mais du problème de la façon d'unir les hommes, problème qu'ont rencontré les sociétés politiques aussi bien que les communautés religieuses. Si l'on admet qu'une conviction doit pouvoir s'exprimer, elle ne peut le faire dans la seule sphère privée, elle doit pouvoir le faire dans l'espace social.
Dans cet espace qui pour le politique est celui de la société civile, le pluralisme religieux pose un problème social et culturel. En dernier ressort c'est le problème de l'unité de la société, du type d'unité d'une société humaine. Ce livre reprend des textes de Jeanne Bernard, Bernard Bourdin, Jérôme de Gramont, Hubert Faes, Jean Greisch, Jean Leclercq, René Nouailhat, Peter Kemp, Jean-Louis Schlegel, Michel Senellart. Ce sont leurs contributions lors d'un séminaire organisé à l'occasion du 10e anniversaire de la mort de Stanislas Breton par l'Association des Amis de Paul-Stanislas Breton et la Revue Esprit qui l'a accueilli dans ses locaux du 17 octobre 2015 au 23 Janvier 2016.
Josep Maria MARGENAT, La pédagogie jésuite. Des origines à nos jours, Lessius, (Petite Bibliothèque Jésuite), traduit de l'Espagnol par Gilles Firmin, Namur, 2018.
L'éducation intégrale que promeuvent les Jésuites a pour but de faire parvenir la personne qui en bénéficie à une conscience qui n'ignore rien de la société et de la culture. En retour elle pourra contribuer à construire le monde tel que nous le connaîtrons. L'auteur décline la pédagogie jésuite sous cinq angles caractéristiques : 1. Le modèle éducatif qui se dégage de l'expérience que les premiers Jésuites ont partagée à Paris, et qui aboutit à la publication de la Ratio studiorum (1599), synthèse de leurs pratiques pédagogiques; 2. Le modèle du collège jésuite, qui apparaît dans une période de grandes crises culturelles : enseigner, savoir et croire; 3. L'université vue par les Jésuites : service de foi et engagement pour la justice; 4. La proposition d'un humanisme chrétien, adossée à une solide méthode pédagogique; 5. L'éducation à une citoyenneté responsable en vue de la justice.
En annexe, on trouvera des présentations de la pédagogie jésuite telle qu'elle est envisagée sur un plan mondial, en France et en Belgique, ainsi qu'un vocabulaire jésuite de l'éducation.
Père Henri LE SAUX, Vers l'expérience intérieure. Lettres (à Soeur Thérèse Le Saux); Transcription, annotation et présentation par Armelle Dutruc, Artège-Lethielleux, Paris, 2018.
Henri Le Saux, après 18 ans comme moine à l'abbaye de Kergonan, se rendit en Inde du Sud, en 1948, pour y fonder avec Jules Monchanin, l'ashram du Saccidânanda. Il remonta ensuite vers le Sud de l'Himalaya pour y mener une vie d'ermite et de pèlerin. Les lettres à sa soeur Marie-Thérèse présentées ici retracent son itinéraire en Inde de 1952 à 1973.
Ces lettres montrent la grande proximité d'âme qui pouvait les rassembler. En même temps elles incitent le lecteur à prendre le chemin de son espace intérieur. Car elles sont pour l'essentiel centrées autour de cette idée que la recherche du Dieu vivant ne peut s'opérer qu'au fond de soi, dans le recueillement au fond de l'âme.
Guillaume HÜNERMANN, Saint Vincent de Paul, Le père des pauvres, traduit de l'allemand par le père M. Grandclaudon, Salvator, Paris, 2018.
Cet ouvrage fut écrit à l'occasion du troisième centenaire de l'apôtre de la charité. Dans ce livre, toute la vie de saint Vincent de Paul défile sous nos yeux, encadrée par l'histoire de la France et de l'Europe, à l'époque de la guerre de Trente Ans et de la Fronde, sous le règne de Louis XIII et le début de celui de Louis XIV. Pour raconter cette existence si mouvementée, Hünermann a eu recours à certains documents historiques précieux comme les lettres de saint Vincent. Il en a tiré un récit imagé aussi passionnant qu'un film de cinéma. L'auteur, Guillaume Hünermann, prêtre et écrivain d'origine allemande, aujourd'hui décédé, a publié de nombreuses biographies de saints alliant une rigoureuse fidélité historique à un style pittoresque et romancé. Les Éditions Salvator viennent de rééditer certains de ses meilleurs récits : Fatima : le ciel est plus fort que nous, Saint Curé d'Ars : le vainqueur du Grappin, Saint Martin : l'apôtre des Gaules et Don Bosco : l'apôtre des jeunes.
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Créé parDiocèse de Tournai