Elles sont au coeur de la messe chrismale mais ne sortent pas de nulle part. Cela fait plusieurs semaines que Jean-Claude Liénart prépare les Saintes Huiles.

Le moment important où l'Evêque verse l'essence de lavande dans l'huile pour former le Saint-Chrême

« Jean-Claude Liénart coordonne l'ensemble du travail relatif à la préparation des huiles et des urnes, avant, pendant, et après la célébration ». Cette phrase extraite de la « conduite » de la messe chrismale définit bien la mission confiée au diacre: faire en sorte que tout « roule » dans ce domaine essentiel.

Pour celui qui n'est pas un familier de la messe chrismale du Mardi-Saint, c'est une découverte impressionnante que de voir ces trois urnes imposantes amenées par des porteurs du fond de la nef jusqu'à l'autel. La première contient l'huile des malades, qui sert au sacrement du même nom. La deuxième est l'huile des catéchumènes, qu'on utilise dans les célébrations préparatoires au baptême. Enfin vient le Saint-Chrême, qui sera appliqué lors des baptêmes, confirmations et ordinations ainsi que pour la dédicace des églises et autels. Mardi prochain, Mgr Harpigny bénira l'huile des malades et celle des catéchumènes. Il consacrera enfin le Saint-Chrême après avoir versé dans l'urne de l'essence de lavande. Et il ne manquera pas de humer avec un plaisir évident le parfum qui s'en dégage...

Cette bonne odeur de lavande, Jean-Claude Liénart est le premier à en profiter, avant même l'Evêque. Cela se passe de ces jours-ci, dans sa maison de la rue Saint-Eleuthère, dans les faubourgs de Tournai. Mais tout a commencé bien plus tôt. « Avant le Carême, j'achète 55 litres d'huile d'olive et 750 ml d'essence de lavande. Le mercredi des cendres, je confectionne 25 litres de Saint-Chrême en y versant la lavande. Le reste de l'huile est divisé en deux parts égales de 15 litres, pour les deux autres urnes. »

Le Mardi-Saint, le diacre part bien à temps vers le lieu où se déroule la messe chrismale – Lobbes en l'occurrence cette année : il ne s'agit pas d'avoir un pépin en route, car alors comment célébrerait-on cette eucharistie où se rassemblent des chrétiens de tout le diocèse ?

Des urnes vers les cruches...

La messe chrismale, le grand responsable de la manœuvre n'y assiste pas. Car il faut installer dans la salle désignée les ampoules apportées par les responsables des unités pastorales. Chacun des doyens et vice-doyens repartira avec ces trois huiles précieuses dont ils devront faire bon usage durant toute l'année. Et puisqu'ils y a 49 UP, cela fait près de 150 récipients à disposer. Au total, il faut prévoir environ vingt mètres de table.

« L'huile des malades et celle des catéchumènes sortent de l'église dès qu'elles ont été bénies par l'Evêque. Le Saint-Chrême, lui, demeure à la célébration jusqu'au moment du Notre Père. On nous les rapporte et nous ouvrons alors le robinet de chaque urne pour verser de l'huile dans des cruches, puis dans chacun des récipients. On est une bonne équipe de quatre ou cinq personnes. Chacun connaît son boulot. » On ne résistera pas à ce jeu de mots facile : c'est une mécanique bien huilée...

....et des cruches vers les ampoules des UP

En une petite vingtaine d'années de service, Jean-Claude Liénart connaît effectivement la musique, et ce même s'il peut y avoir des fausses notes. Ainsi une année où la salle destinée à la distribution était toute entière garnie de tapis plain. Il s'agissait de faire bien attention. Et cette autre année où il y a eu une coupure de courant : « On a poursuivi à la lueur des cierges... »

Hubert Wattier

 

 

 

 

 

 

 

Vingt mètres de tables sont nécessaires